LES EFFETS THÉRAPEUTIQUES NON INTENTIONNELS

De mes 37 ans de pratique

Dès mes premières années de pratique, je m’assoyais calmement autour d’une table pour écouter les chiropraticiens plus expérimentés échanger à propos de cas cliniques tout aussi valorisants les uns les autres. Des petits miracles!

Après chacune de ces rencontres, je retournais à la clinique souhaitant ainsi pouvoir à mon tour vivre ce qui semblait nourrir leur âme chiropratique.

La transmission de leurs observations m’a appris à utiliser mes sens pour mieux comprendre et conserver une curiosité qui me permet encore, après trente-sept ans, d’être ébloui par les résultats de la chiropratique.

Comme toutes les générations qui nous précèdent, nous avons pris pour acquis des legs du passé sans même en questionner le cheminement.

Trop longtemps nous avons agi de façon, individuelle, compétitive et isolée, chacun accumulant ainsi dans nos dossiers multitudes d’observations cliniques. Ces effets qui nous sont rapportés par les patients, mais qui ne font pas partie des effets recherchés lors de l’ajustement.

Après des décennies de pratiques clinique, ces observations  remarquablement similaires les unes aux autres, nous permettent d’établir des relations, des profils, des liens que l’on reconnaît, dans la majorité des cas, comme des observations cliniques récurrentes ou même des effets thérapeutiques non intentionnels.

Dans l’approche adoptée par la majorité des chiropraticiens de l’Evidence- based practice, l’on ne peut demander aux cliniciens de traiter en se basant uniquement sur les données probantes, qui sont peu nombreuses.  La décision du professionnel doit alors se baser sur les principes scientifiques de la chiropratique, son expérience et ses observations cliniques. Seul le clinicien peut établir sa liste d’observations cliniques d’effets thérapeutiques non intentionnels, mais elles se doivent d’être mises au service de tous.

Nous avons maintenant à notre disposition un réseau international de recherche qui n’existait pas il y a 20 ans. Nos chercheurs peuvent établir  sur une base scientifique un compendium d’effets thérapeutiques non intentionnels mesurables et quantifiables afin d’établir des outils de référence clinique, et ainsi mieux définir les axes de recherche qui donneront le vrai visage de la chiropratique au grand public.

Il est primordial que ces observations cliniques récurrentes puissent un jour être considérées au même titre que l’effet primaire intentionné découlant de l’ajustement chiropratique.  À ce titre, il existe plusieurs exemples de médicaments dont les effets non intentionnés sont rapidement devenus  ceux pour lesquels la molécule fut brevetée. Le plus connu est sans contredit le Viagra, médicament initialement développé pour la basse pression chez les femmes et qui a maintenant une réputation et une utilisation toutes autres. Contrairement au Viagra, plusieurs effets thérapeutiques non intentionnels de l’ajustement chiropratique sont connus, mais encore non répertoriés.

Après seulement 126 ans d’existence, la chiropratique a connu de nombreux défis qu’elle a su relever avec succès grâce aux résultats obtenus et à la satisfaction suscitée chez tous ces patients qui, génération après génération, ont accueilli la chiropratique comme un outil essentiel à leur qualité de vie.

Aujourd’hui, le langage, la perception, et l‘image de la chiropratique peuvent être modifiés, adaptés ou même censurés, mais rien de tout cela ne pourra diminuer l’impact des résultats cliniques observés.

Notre profession a un nouveau défi, elle doit présenter une image au goût du jour tout en respectant ses origines, son évolution et sa vision.

La compilation systématique des effets thérapeutiques non intentionnels avec l’appui d’une structure de recherche bien établie, nous permettra de cheminer dans un monde scientifique tout en respectant chacun dans son rôle spécifique. Il nous faut passer à un niveau de recherche supérieur, un niveau visant à identifier les mécanismes physiologiques, biomécaniques et neurologiques, qui appuient ces observations cliniques.

La chiropratique de demain, nous devons la bâtir aujourd’hui, tous ensembles avec respect et complicité. Nous devons employer le bon langage et bâtir des ponts au-delà des fossés que nous avons creusés. Nul ne pourra  plus occulter nos sens face à la curiosité du savoir.

Dr Richard Giguère, chiropraticien, B.Sc. D.C

Ancien président Association des Chiropraticiens du Québec
Ancien président Association Chiropratique Canadienne
Administrateur Fondation Chiropratique du Québec
Gouverneur Association  des Chiropraticiens du Québec